Les difficultés qui m’ont forgée
Helena Gonga Muamba

J’ai perdu mes parents quand j’étais très jeune et j’ai été obligée de quitter la maison de mon cher oncle, qui avait pris soin de moi. À partir de là, la vie est devenue encore plus difficile. Malgré tout, j’étais déterminée à garder la tête haute.
Je suis la quatrième de six enfants. Quand mes parents sont décédés, nous avons tous été séparés. Je suis allée vivre chez mon oncle-frère et sa famille. J’avais seulement six ans, presque sept à l’époque. L’environnement m’était complètement étranger, mais ils m’ont donné tout l’amour et l’attention dont j’avais besoin.
Tout a changé le jour où une cousine a demandé à mon oncle de me laisser aller vivre chez elle, dans une province lointaine. Elle voulait que je sois la « masseka » (nounou) de ses enfants. Je n’avais que dix ans, j’étais encore une enfant.
C’est à Matala, dans la province de Huíla, que j’ai eu ma première expérience dans la vente : j’étudiais le matin et, l’après-midi, je vendais des glaces sur une place éloignée, en portant une glacière sur la tête. Qu’il pleuve ou qu’il fasse soleil, j’étais là. Ce n’était pas une tâche pour une enfant de mon âge, mais j’étais obligée de le faire sous peine de sanctions sévères.
Plus tard, ma cousine est tombée enceinte de jumeaux. Elle est retournée à Luanda pour accoucher et j’ai dû y aller avec elle. En conséquence, je n’ai pas terminé l’année scolaire.
Ensuite, nous avons déménagé au Huambo, et c’est là que tout a basculé.
Mon beau-frère a clairement fait savoir qu’il ne voulait plus que je vive chez lui. À cause des mauvais traitements, je suis devenue une adolescente déprimée, pleine de traumatismes et d’humiliations. J’ai essayé autant que possible de continuer à voir le bon côté des choses et des gens.
Finalement, il m’a mise dehors, en m’insultant et en disant que je ne serais jamais personne, que je me perdrais à Luanda et que j’aurais des enfants sans père.
C’était un jour de pluie. J’avais seulement 16 ans et j’ai pensé à abandonner la vie. Ce qui m’a tenue debout, c’était mon désir de devenir indépendante et d’inspirer d’autres femmes.
Après avoir passé une journée dans la rue, une amie de ma cousine m’a accueillie jusqu’à la fin de l’année scolaire. Ensuite, je suis retournée à Luanda, où j’ai vécu chez une autre tante.
Cependant, là aussi, j’ai été confrontée à la méfiance, car mon beau-frère avait inventé de lourds mensonges à mon sujet.
J’ai commencé l’enseignement secondaire dans une école privée avec deux cousins, mais après trois mois, ma tante a cessé de payer mes frais de scolarité.
Mon monde s’est effondré.
Je suis restée un mois sans étudier à cause des dettes, alors que mes cousins continuaient normalement.
Pour ne pas perdre l’année, j’ai cherché un emploi et j’ai trouvé un travail comme nounou. Grâce à ce travail, j’ai pu reprendre mes études, mais de nouveaux problèmes sont apparus : en étudiant et en travaillant, je n’avais plus autant de temps pour les tâches domestiques. Malgré tout, j’ai décidé de continuer, car je savais que mon avenir ne dépendait que de moi. Au milieu des turbulences, j’ai cherché à me former : j’ai suivi des cours gratuits et participé à des conférences de motivation.
J’ai finalement réussi à terminer l’enseignement secondaire à 19 ans. Ce fut un moment marquant, car j’ai été la première de ma famille à y parvenir. En 2022, j’ai décroché mon premier emploi dans une entreprise réputée. L’année suivante, j’ai été promue cheffe d’équipe, poste que j’occupe encore aujourd’hui.
Je dis toujours que les difficultés que j’ai traversées ont fait de moi celle que je suis aujourd’hui. Actuellement, je vis seule, j’étudie et je travaille. Chaque jour, je fais face à de nouveaux défis, mais je m’efforce toujours de devenir une meilleure personne.
En partageant mon histoire, je veux montrer qu’il est possible de réaliser ses rêves et d’éviter de tomber dans le monde de la drogue ou de la prostitution. Mon objectif est d’encourager, de motiver et de guider d’autres femmes de mon âge pour qu’elles réussissent.
« C’était un jour de pluie. J’avais seulement 16 ans et j’ai pensé à abandonner la vie. Ce qui m’a tenue debout, c’était mon désir de devenir indépendante et d’inspirer d’autres femmes. »
Cette histoire est extraite du livre Voices Without Borders: Women’s Stories of Courage and Resilience, édité et publié par la maison d’édition angolaise É Sobre Nós Éditora, avec le soutien de la Africa-Europe Foundation.


